Théâtre: La Boucherie de Job, de Fausto Paravidino – une note par Silvia Berutti-Ronelt

macello

15/11/2014 : Bozar de Bruxelles

Première représentation en italien avec surtitrage en français par Silvia Guzzi et Lorena Cosimi.

Il Macello di Giobbe est une paraphrase contemporaine du mythe de Job, l’homme de bien dont l’Ancien Testament raconte qu’il est mis à l’épreuve par Dieu. Il perd tous ses êtres chers et tous ses biens sans se révolter pour autant contre son créateur. Le Giobbe moderne est, comme son prédécesseur, un homme profondément bon, mais il ne croit pas en Dieu. Ce n’est d’ailleurs pas une puissance transcendantale qui le met à l’épreuve mais celle de notre système économique et financier. Dans la représentation, ces « dieux » sont souvent affublés de têtes de cochons – une image qui n’est pas nouvelle mais qui a le mérite d’être claire.

Le fils de Giobbe, un jeune loup de la finance, revient exprès de Boston pour sauver la boucherie paternelle de la faillite. Mais Giobbe, en désaccord avec son fils, refuse de se faire aider par lui et ses méthodes peu charitables. Les nouveaux dieux n’arrivent pas à le rallier à leur cause. Giobbe perd alors sa boucherie, ne peut plus subvenir aux besoins de sa famille et, après la mort de sa femme bien aimée, il disparaît avec sa fille malade pour échapper aux plans « salvateurs » de son fils. Il préfère vivre en S.D.F. dans une terrain vague.

Le spectacle s’adresse à un large public et atteint certainement son but, bien que le texte ne semble pas toujours facile. Ce jeune auteur et metteur en scène ne cherche pas une esthétique et un style « branchés ». Il veut simplement raconter cette histoire comme il l’entend et y agit en toute liberté, ce qui est particulièrement perceptible dans sa manière de gérer le temps du récit. Ainsi, il prend tout son temps quand il a envie de raconter des détails de l’histoire mais n’hésite pas à le raccourcir à d’autres moments. De cette manière, il donne à la pièce un rythme variable, tout en créant les moments phares du spectacle. Une de ces scènes en accéléré est particulièrement impressionnante : le jeune boucher que Giobbe a dû licencier revient dans la ville et se met à la recherche de sa fiancée et de son père, son ancien patron. Le comédien court alors pendant plusieurs longues minutes sur place tout en se déshabillant peu à peu, tandis que d’autres comédiens lui prennent ses vêtements. On comprend alors que cette recherche lui coûte toutes ses petites économies, toute son énergie, si bien qu’à la fin il ne lui reste plus rien hors sa vie – et même celle-ci est menacée.

Car, entre le monde de la bonté et celui de l’argent, Paravidino invente deux pauvres hères clownesques, serviles et cupides, prêts à tout pour gagner une récompense pour leurs méfaits. Dans une sorte de prélude, on les voit se disputer les habits du Christ et ensuite leur présence ponctue la pièce jusqu’à cette dernière partie où ils sont au service du fils de Giobbe avec mission de trouver sa sœur pour l’emmener à l’hôpital. En suivant la trace du garçon boucher, ils tombent en effet sur la jeune fille. Dans un excès de zèle et de violence, ils tabassent alors le vieil homme et le jeune avant de les laisser pour morts.

La pièce se termine sur une scène étrange : le fils de Giobbe a fait transporter son père, sa sœur et le jeune boucher dans un hôpital. C’est là que, tout d’un coup, la jeune fille retrouve la parole et les deux hommes semblent guéris de leurs blessures, tandis que la mère morte revient. Une scène de réconciliation de la famille et donc des deux mondes antagonistes. Un happy end osé, kitch ? Certainement pas – juste un rêve qui n’a rien à voir avec la réalité et la fait ressentir d’autant plus cruellement.

Il faut ajouter que, dans ce spectacle, la musique et même la danse ont une place importante et que les comédiens italiens sont extraordinaires !

Félicitations au Bozar pour avoir donné l’occasion au Teatro Valle Occupato de faire sa création à Bruxelles.

signé:

Silvia Berutti-Ronelt
Traductrice et dramaturge
Organisatrice des “Lundis en coulisse” en Belgique; un projet en collaboration avec La Bellone “Maison du Spectacle”.

 

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Fausto Paravidino : Il Macello di Giobbe

15/11/2014 : Bozar di Bruxelles

Il Macello di Giobbe è una parafrasi contemporanea del mito di Giobbe, l’uomo del bene messo alla prova da Dio, di cui racconta l’Antico Testamento. Colui che perde affetti e averi senza mai ribellarsi al suo creatore. Il Giobbe moderno è un uomo profondamente buono, come il suo predecessore, ma non ha nessuna fede in Dio. D’altronde, non sarà messo alla prova da una forza trascendente, ma piuttosto da quella del nostro sistema economico e finanziario. Nello spettacolo, questi “dèi” sono spesso vestuti di una testa di  maiale – immagine non originale ma che ha il merito di essere chiara.

Il figlio di Giobbe, un giovane rampollo della finanza, torna appositamente da Boston per salvare la macelleria paterna dal fallimento. Ma Giobbe, in disaccordo con il figlio, rifiuta il suo aiuto e i suoi metodi poco caritatevoli. I nuovi dèi non riescono a portarlo dalla loro parte. Giobbe perde allora la macelleria, i mezzi per sostenere la sua famiglia, e dopo la morte della sua amata moglie, scompare insieme alla figlia malata per sfuggire ai piani “salvifici” del figlio. Preferisce vivere per strada come un senzatetto.

Lo spettacolo si rivolge a un pubblico ampio e ci riesce molto bene, anche se il testo non è sempre facile. Questo giovane autore e regista non cerca un’estetica e uno stile «alla moda». Vuole semplicemente raccontare questa storia a modo suo e lo fa in piena libertà, cosa particolarmente evidente nel modo di gestire i tempi della narrazione. Così, non esita ad allungare i tempi per raccontare alcuni dettagli della storia, per poi ridurli drasticamente in altri momenti. In questo modo conferisce allo spettacolo un ritmo variabile facendone allo stesso tempo emergere i momenti chiave. Una di queste scene accelerate è particolarmente accattivante: il giovane macellaio che Giobbe ha dovuto licenziare torna in città e si lancia alla ricerca della sua fidanzata e di suo padre, il suo vecchio capo. L’attore corre quindi sul posto per diversi lunghissimi minuti spogliandosi poco a poco, mentre gli altri attori gli rubano i vestiti. Capiamo allora che in questa ricerca ha perso tutti i suoi soldi, tutta la sua energia, tanto che alla fine non gli resterà nient’altro che la propria vita – anch’essa in pericolo.

Perché, tra il mondo del bene e quello del denaro, Paravidino inventa due poveri disgraziatissimi esseri clowneschi, servili e avidi, pronti a tutto pur di ricavare denaro dalle loro malefatte. In una sorta di preludio, li vediamo litigare per gli abiti del Cristo e poi la loro presenza scandisce lo spettacolo fino a quest’ultima parte, dove sono al servizio del figlio di Giobbe, con l’incarico di ritrovarne la sorella e portarla in ospedale. Seguendo le tracce del garzone, ritroveranno in effetti la ragazza, ma in un eccesso di zelo e di violenza, picchieranno a sangue il vecchio e il giovane prima di abbandonarli come morti.

Lo spettacolo si chiude con una scena particolare: il figlio di Giobbe ha fatto portare suo padre, sua sorella e il garzone in ospedale. Ed è là che improvvisamente, la ragazza riacquista la parola e i due uomini sembrano guariti delle loro ferite, mentre la madre morta ritorna. Une scena di riconciliazione familiare e quindi dei due mondi in lotta. Un happy end eccessivo, kitch? Niente affatto – solo un sogno che non ha niente a che vedere con la realtà e che anzi la fa risaltare in modo ancora più crudele.

Bisogna aggiungere che in questo spettacolo la musica, come la danza, ricoprono un ruolo importante e che gli attori italiani sono straordinari!

Complimenti al Bozar per aver dato l’occasione al Teatro Valle Occupato di debuttare con la propria creazione a Bruxelles.

Firmato:

Silvia Berutti-Ronelt
Tradutrice e drammaturga,
Organizzatrice dei “Lundis en coulisse” in Belgio; un progetto in collaborazione con La Bellone “Maison du Spectacle”.

[traduzione italiana a cura di Lorena Cosimi]

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